L’économie, seulement une affaire d’argent? En fait, les concepts économiques permettent d’appréhender une grande diversité de comportements individuels et collectifs. Cette collection est une introduction à des idées d’une surprenante richesse.
Petit Paul, bénéficiant de la protection de grand Tom, son frère, nargue le caïd du coin ; une banque prend des risques en usant de stratégies d’investissement créatives. Ils savent que quelqu’un – un proche, l’État – viendra à leur secours en cas de pépin. L’aléa moral est cette tendance à prendre plus de risques lorsqu’on sait que leurs coûts potentiels tomberont, au moins en partie, sur quelqu’un d’autre.
X7H5A
Vous voulez une soirée festive et une bonne note à l’examen du lendemain ; une compagnie ferme une usine profitable pour redéployer ses ressources dans un projet encore plus prometteur. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Votre coût d’opportunité est la valeur de votre deuxième meilleure option, celle à laquelle vous renoncez.
L3J5H
Pour devenir une milliardaire de la haute technologie, Léa développe des applications mobiles qui limitent les accidents routiers. Des motivations foncièrement égoïstes peuvent avoir des conséquences très positives sur autrui, même en l’absence de coordination ou d’empathie. Dans ces cas, l’intérêt personnel contribue au bien commun. Voilà le phénomène fascinant qu’Adam Smith voulait exprimer par la métaphore de la main invisible.
T5B6L
Un groupe industriel fait du lobbying auprès du gouvernement pour être protégé de la concurrence extérieure ; Ruth menace de quitter son emploi si elle n’obtient pas le plus beau bureau sur l’étage. Ces comportements sont propres à la recherche de rente puisqu’ils visent à augmenter sa part de tarte sans contribuer à accroître la taille de la tarte elle-même.
R8X3F
Je suis supérieur à vous en chasse et en cueillette. Mais vous avez tout de même un avantage comparatif : vous tirez moins de l’arrière en chasse qu’en cueillette. Notre temps étant limité, vous chasserez, je cueillerai, et nous aurons des paniers mieux garnis. Ainsi, dans le commerce, même si deux entités ont des capacités productives inégales, la spécialisation permet des échanges mutuellement bénéfiques.
W7U3N
Vous songez à payer les services d’un promeneur pour votre chien ? Notez que le coût total ne se limite pas au paiement qu’il vous demandera. Il y a le temps et l’effort passés à chercher un promeneur adéquat et à négocier le contrat avec lui, puis les ressources que vous utiliserez pour vérifier qu’il traite bien votre molosse. Tous ces coûts additionnels constituent les coûts de transaction, une forme de friction sur le marché entre vendeurs et acheteurs.
C8A3Y
Le prix du baril de pétrole plonge, ce qui augmente ma volonté d’en acheter et diminue la vôtre de vous lancer dans l’exploration pétrolière. De plus, cette baisse influence une myriade d’autres prix comme ceux du vol d’avion et de la tonne de blé. Sans qu’un esprit tout puissant supervise le processus, le mécanisme des prix coordonne l’ensemble des décisions d’offre et de demande sur les marchés.
X8K5Y
Les pêches industrielles épuisent les bancs de poissons ; l’usage d’hydrocarbures pollue l’atmosphère à une vitesse alarmante. Malgré le fait que nous nous dirigeons collectivement vers une impasse, personne n’a d’intérêt individuel à ralentir ses activités. La tragédie des biens communs évoque l’échec des individus à coordonner l’usage de ressources partagées.
Q7B9U
La perte de votre fauteuil vous rend inconsolable, bien que vous n’auriez pas dépensé 50 $ pour l’acheter s’il n’avait pas été à vous. Vos collègues ont réagi avec indifférence à leur dernière augmentation, mais montent aux barricades lorsque votre employeur suggère une légère coupe de salaire. L’aversion à la dépossession est cette tendance à attribuer plus de valeur à ce qu’on possède déjà.
N4W7S
J’ai un bout de terrain où je ne m’aventure jamais ; vous cherchez un lopin pour jardiner. Si je vous donnais accès au mien, vous y gagneriez sans que j’y perde. Au contraire, une situation est « Pareto efficiente » si aucune mesure ne peut être prise sans qu’il y ait desperdants. Malheureusement, la majorité des décisions collectives ne sont pas comme le cas inefficient du lopin à l’abandon : certains y perdent.
X9L5D
Pendant une récession, l’État vous emploie sur un grand chantier. Une fois la prospérité retrouvée, le chantier est fermé et vous perdez votre emploi. Absurde ? Vous vivez peut-être les effets collatéraux d’une politique fiscale contracyclique : en récession, l’État est dans une position privilégiée pour relancer l’économie en dépensant, mais il voudra renflouer ses finances quand l’économie ira mieux.
P3F3P
Gilles vend ses croissants 0,20 $ de plus que son concurrent. Certains clients tiennent à l’encourager, d’autres ignorent qu’il y a moins cher ou ne veulent pas marcher 10 minutes de plus pour épargner. Dans un monde de concurrence parfaite où les agents seraient rationnels, l’information disponible, les coûts de transaction nuls et la collusion absente, de telles différences de prix n’existeraient pas : les marchands devraient accepter le prix courant.
A9H4Y
Votre décision d’opter pour le métro plutôt que l’auto ce matin prend en compte toutes les conséquences possibles des deux options (ponctualité, risques, confort, etc.), la valeur accordée à chacune et les probabilités qu’elles se réalisent. C’est un choix rationnel ! Mais nos préférences sont souvent floues, l’information à traiter presque infinie, et notre réflexion limitée. Sur le marché et ailleurs, dans quelle mesure nos choix sont-ils rationnels ?
Y6W3N
Votre voisin vous empoisonne avec sa fumée ; le mien me rend joyeux lorsqu’il s’exerce à l’accordéon. Les externalités sont toutes ces retombées sur autrui pour lesquelles personne ne paie. Certains disent qu’un prix devrait leur être accolé ; on pourrait, par exemple, taxer toute forme de pollution et, pourquoi pas, subventionner mon voisin accordéoniste.
W8K4X
Pas les moyens d’acheter votre vélo de rêve, pas le temps d’appeler votre mère. Nous voulons tant de choses, mais les ressources sont limitées. La rareté naît de ce déséquilibre entre l’étendue des désirs et des ressources. Elle augmente en fonction de la demande et des coûts de production. En général, si une chose a un prix, c’est qu’elle est rare. Mais certaines choses sont rares sans avoir de prix : l’amitié, par exemple.
B9V5N
Petit Paul, bénéficiant de la protection de grand Tom, son frère, nargue le caïd du coin ; une banque prend des risques en usant de stratégies d’investissement créatives. Ils savent que quelqu’un – un proche, l’État – viendra à leur secours en cas de pépin. L’aléa moral est cette tendance à prendre plus de risques lorsqu’on sait que leurs coûts potentiels tomberont, au moins en partie, sur quelqu’un d’autre.
Je suis supérieur à vous en chasse et en cueillette. Mais vous avez tout de même un avantage comparatif : vous tirez moins de l’arrière en chasse qu’en cueillette. Notre temps étant limité, vous chasserez, je cueillerai, et nous aurons des paniers mieux garnis. Ainsi, dans le commerce, même si deux entités ont des capacités productives inégales, la spécialisation permet des échanges mutuellement bénéfiques.
La perte de votre fauteuil vous rend inconsolable, bien que vous n’auriez pas dépensé 50 $ pour l’acheter s’il n’avait pas été à vous. Vos collègues ont réagi avec indifférence à leur dernière augmentation, mais montent aux barricades lorsque votre employeur suggère une légère coupe de salaire. L’aversion à la dépossession est cette tendance à attribuer plus de valeur à ce qu’on possède déjà.
Votre décision d’opter pour le métro plutôt que l’auto ce matin prend en compte toutes les conséquences possibles des deux options (ponctualité, risques, confort, etc.), la valeur accordée à chacune et les probabilités qu’elles se réalisent. C’est un choix rationnel ! Mais nos préférences sont souvent floues, l’information à traiter presque infinie, et notre réflexion limitée. Sur le marché et ailleurs, dans quelle mesure nos choix sont-ils rationnels ?
Vous voulez une soirée festive et une bonne note à l’examen du lendemain ; une compagnie ferme une usine profitable pour redéployer ses ressources dans un projet encore plus prometteur. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Votre coût d’opportunité est la valeur de votre deuxième meilleure option, celle à laquelle vous renoncez.
Vous songez à payer les services d’un promeneur pour votre chien ? Notez que le coût total ne se limite pas au paiement qu’il vous demandera. Il y a le temps et l’effort passés à chercher un promeneur adéquat et à négocier le contrat avec lui, puis les ressources que vous utiliserez pour vérifier qu’il traite bien votre molosse. Tous ces coûts additionnels constituent les coûts de transaction, une forme de friction sur le marché entre vendeurs et acheteurs.
J’ai un bout de terrain où je ne m’aventure jamais ; vous cherchez un lopin pour jardiner. Si je vous donnais accès au mien, vous y gagneriez sans que j’y perde. Au contraire, une situation est « Pareto efficiente » si aucune mesure ne peut être prise sans qu’il y ait desperdants. Malheureusement, la majorité des décisions collectives ne sont pas comme le cas inefficient du lopin à l’abandon : certains y perdent.
Votre voisin vous empoisonne avec sa fumée ; le mien me rend joyeux lorsqu’il s’exerce à l’accordéon. Les externalités sont toutes ces retombées sur autrui pour lesquelles personne ne paie. Certains disent qu’un prix devrait leur être accolé ; on pourrait, par exemple, taxer toute forme de pollution et, pourquoi pas, subventionner mon voisin accordéoniste.
Pour devenir une milliardaire de la haute technologie, Léa développe des applications mobiles qui limitent les accidents routiers. Des motivations foncièrement égoïstes peuvent avoir des conséquences très positives sur autrui, même en l’absence de coordination ou d’empathie. Dans ces cas, l’intérêt personnel contribue au bien commun. Voilà le phénomène fascinant qu’Adam Smith voulait exprimer par la métaphore de la main invisible.
Le prix du baril de pétrole plonge, ce qui augmente ma volonté d’en acheter et diminue la vôtre de vous lancer dans l’exploration pétrolière. De plus, cette baisse influence une myriade d’autres prix comme ceux du vol d’avion et de la tonne de blé. Sans qu’un esprit tout puissant supervise le processus, le mécanisme des prix coordonne l’ensemble des décisions d’offre et de demande sur les marchés.
Pendant une récession, l’État vous emploie sur un grand chantier. Une fois la prospérité retrouvée, le chantier est fermé et vous perdez votre emploi. Absurde ? Vous vivez peut-être les effets collatéraux d’une politique fiscale contracyclique : en récession, l’État est dans une position privilégiée pour relancer l’économie en dépensant, mais il voudra renflouer ses finances quand l’économie ira mieux.
Pas les moyens d’acheter votre vélo de rêve, pas le temps d’appeler votre mère. Nous voulons tant de choses, mais les ressources sont limitées. La rareté naît de ce déséquilibre entre l’étendue des désirs et des ressources. Elle augmente en fonction de la demande et des coûts de production. En général, si une chose a un prix, c’est qu’elle est rare. Mais certaines choses sont rares sans avoir de prix : l’amitié, par exemple.
Un groupe industriel fait du lobbying auprès du gouvernement pour être protégé de la concurrence extérieure ; Ruth menace de quitter son emploi si elle n’obtient pas le plus beau bureau sur l’étage. Ces comportements sont propres à la recherche de rente puisqu’ils visent à augmenter sa part de tarte sans contribuer à accroître la taille de la tarte elle-même.
Les pêches industrielles épuisent les bancs de poissons ; l’usage d’hydrocarbures pollue l’atmosphère à une vitesse alarmante. Malgré le fait que nous nous dirigeons collectivement vers une impasse, personne n’a d’intérêt individuel à ralentir ses activités. La tragédie des biens communs évoque l’échec des individus à coordonner l’usage de ressources partagées.
Gilles vend ses croissants 0,20 $ de plus que son concurrent. Certains clients tiennent à l’encourager, d’autres ignorent qu’il y a moins cher ou ne veulent pas marcher 10 minutes de plus pour épargner. Dans un monde de concurrence parfaite où les agents seraient rationnels, l’information disponible, les coûts de transaction nuls et la collusion absente, de telles différences de prix n’existeraient pas : les marchands devraient accepter le prix courant.
Pascaline est titulaire d’un baccalauréat en design graphique de l’UQAM. Elle travaille maintenant comme illustratrice et fait de l’animation 2D.
pascalinelefebvre.tumblr.comCette équipe d'auteurs pense aux concepts économiques autrement, avec des perspectives éthiques, politiques et épistémologiques. Avec leurs parcours multidisciplinaires (économie, philosophie, management, science politique), François, Pierre-Olivier et Peter offrent une pensée économique décloisonnée.
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